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le Roy, et lui dit avec une grande exclamation : «Voilà, « sire, que c'est d'être excommunié! [Quant à moi, je « n'attribue sa mort à autre chose qu'au foudre d'ex-« communication dont il a été frappé.] » Auquel le Roy dit en riant : « Il est vrai, dit-il, que le foudre d'ex-« communication est dangereux; mais si n'est-il point « besoin que tous ceux qui en sont frappés en meurent: « il en mourrait beaucoup. Je crois que cela ne lui a « pas servi, mais autre chose lui a bien aidé. »
En cemois, le duc d'Aumale se saisit de Tun des fauxbourgs d'Abbeville, et fit fortifier Pont-Dormy; et répondit à Chemerault, envoyé de la part du Roy pour. sçavoir ce qu'il vouloit dire par ces remuemens, que ce faisoit-il parce que les villes de Picardie ne vouloient pas de garnisons, et que la noblesse ne vouloit pas de gouverneurs gascons. Ce qui ayant été rapporté au Roy : « Je vois bien, dit-il, que si je laisse faire ées gens, je a ne les aurai pas seulement pour compagnons, mais « pour maîtres. Il est bien tems d'y donner. » Ce qui étoit vrai; le pis étoit que tout se passoit en paroles.
Sur la fin de ce mois, on imposa cent sols d'augmen­tation sur un minot de sel, tellement qu'il coutoit treize livres tant de sols.
Le dimanche 24 d'avril, le Roy eut avis d'une entre­prise qui se devoit exécuter par ceux de la Ligue le jour de Saint-Marc. Pour ce, furent renforcées les gardes du Louvre, et les quarante-cinq y couchèrent; et le Roy fit venir au fauxbourg Saint-Denis les quatre mil Suisses qui étoient à Lagny.
Le lundy 9 may, le duc de Guise arriva sur le midy à Paris avec huit gentilshommes des siens, et Brigard, Courier de l'Union, qui lui avoit été envoyé par les Pari-
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